Histoire d’Eschilleuses

Le donjon tronqué et la base d'une tour de défense du Château d'Echilleuses
Le donjon tronqué et la base d'une tour de défense du Château d'Echilleuses - © P.Legros

Le premier nom d’Échilleuses était Scabiosas, nom qui nous est fourni par une charte du XIème siècle. En latin le mot « scabiosus » signifie raboteux, rugueux.
Les habitants d’Échilleuses, s’appellent les Rogants et les Rogantes .
Le mot Rogant « ils demandent » en latin, est la troisième personne du pluriel de rogo « demander ».

Pour affirmer le caractère chrétien et l’utilisation du latin à cette époque

À la fin du Vème siècle, l’empire Gallo-Romain se rétrécissait d’année en année et se situait entre la Seine et la Loire. Sous la domination des Ostrogoths, l’église chrétienne qui avait bénéficié des malheurs de la Gaule, invita les hommes à la patience et les pénétra du caractère fugace de la vie terrestre au regard de l’éternité.

 Information tirée du livre de George Bordonove CLOVIS.

À Scabiosas, les Rogants avaient en plus de l’église, plusieurs chapelles.

Origines

Le territoire a fourni quelques silex taillés et polis, déposés au musée de Pithiviers en 1908.
On trouve à Échilleuses, des tuiles à rebord provenant de l’époque gallo-romaine et il y avait autrefois entre le village et le hameau de Morville, à un kilomètre du bourg, dans le climat de Marolles, un château aujourd’hui détruit, dont on voit encore les fondations révélés par des vues aériennes et où l’on a trouvé des débris de mosaïques romaines.
Peut-être y a-t-il eu des bains ; ce qui peut le faire supposer, c’est la proximité de la fontaine de Fonteneilles ou Fontenelle.
La présence de ces vestiges antiques est une preuve certaine que les Romains ont occupé le pays.
En 2002 sur le site “Les Mazures”, un puits a été découvert par Mr. Gillet. D’une profondeur d’environ 10 mètres, il a été percé entre le milieu 1er et fin 2ème siècle.
Les fouilles effectuées, printemps et été 2003, ont permis de dater les différentes phases d’occupation des lieux :

  1. la Tène D2 (70 à 30 ans av J.C.)
  2. le Gallo-romain précoce.
  3. du milieu 1er au début 5ème siècle.

Charte de 1026

Publiée par M.J. Devaux dans les Annales de la société historique et archéologique du Gâtinais, tome III p. 81

Bien qu’Échilleuses soit très ancien, il nous faut arriver jusqu’au XIème siècle pour avoir un document écrit, relatif a ce village. Une charte latine du cartulaire de Notre Dame de Paris, donnée à Chelles le 26 mai 1026, nous apprend que Rainald, évêque de Paris, fils du comte Bouchard 1er de Melun, dit le Vieux, avait donné Boësses et Échilleuses (à l’époque Buxae et Scabiosas) faisant partie de la mense épiscopale, à Geoffroy IV, comte de Château Landon, fils de Geoffroy III et de Béatrix de Mâcon, qui était elle-même fille de Létalde, comte de Bourgogne et de Bichilde.

Échilleuses village fortifié

Vestige des douves qui entouraient Echilleuses

Un historien du Gâtinais écrivait vers 1620 et parle d’Eschilleuses en ces termes : « A une lieue de Puiseaux sont deux petites villettes peu éloignées l’une de l’autre ; a savoir Boësses et Chélieuses*, lesquelles n’ont qu’une même juridiction et toutes deux ressortissent à la cour du parlement. C’est une prévôté et siège royal.
L’une de ces villettes, Chélieuses, était autrefois fortifiée, ceinte de murailles et environnée de fossés. »

Toutes les murailles furent abattus en 1794 et les fossés comblés. Il reste un petit tronçon des anciennes douves qui entouraient Échilleuses, dans la cour du Château, ou était l’ancien Château féodal. Différents endroits de son territoire ont conservé des noms rappelant des souvenir féodaux : La Recette, où se tenait le receveur de la seigneurie, la Justice, entre Échilleuses et Puiseaux, où se trouvait la potence seigneuriale, le Fossé à Monsieur, le Bois le Roy, la fontaine Madame près de Digny et la porte du Châtelet.

Eschilleuses, a été ceinte de murailles, à l’époque de la guerre de cent ans, ou tout de suite après, alors qu’il était nécessaire de se rassembler, pour pouvoir se défendre contre les troupes, les brigands et autres bandes de tous horizons.

*Chélieuses : à cette époque les écrits étaient peu nombreux et peu savaient lire, avec une prononciation parfois hasardeuse. Dans un document de 1524, il est écrit  «Bouesse et Chilleuses en Gastinoys». 

Plan cadastral Napoléonien de 1836.

 

Origine du nom d’Échilleuses

Eschilleuses était un baillage seigneurial qui relevait du duché de Nemours.
Vers la fin du XIIème siècle, nous rencontrons une famille seigneuriale portant ce nom d’Eschilleuses.
Haimon, et Mainard d’Eschilleuses son fils, sont cités en 1177 dans une charte de Saint Victor, relative à Puiseaux.
Jean d’Eschilleuses est témoin dans un document de l’année 1217.
Dans le cartulaire de Philippe Auguste, se trouve, aux environs de 1220 au nombre des vassaux du roi, dont relevait Eschilleuses, Adam d’Eschilleuses, chevalier, qui tient avec son frère des fiefs du roi, dans le bailliage de Château Landon.
Bertrand d’Eschilleuses figure en 1305 dans une charte concernant l’abbaye de Lys, près de Melun.
Guillebaut d’Eschilleuses, maître d’hôtel du roi Philippe V le Long, reçoit en don de ce monarque en janvier 1318, une maison sise à Saint Maurice sur fessard. Il a du jouer un rôle important dans les fonctionnaires royaux, si l’on en juge par le fragment qui subsiste d’un compte de Guillebaut d’Eschilleuses à la date de 1318
Guillaume d’Eschilleuses a été bailli des montagnes d’Auvergne pour le roi de France de 1287 à 1299. Il mourut le 1er mars 1313 ou 1323 et fut inhumé dans l’église Saint Médard d’Eschilleuses. Sa pierre tombale se trouve toujours dans l’église d’Échilleuses. Il y est représenté, recouvert de sa cotte de maille et de son écu, qui représente trois bandes en diagonale. Ces trois bandes ce retrouvent sur le blason actuel d’Échilleuses «parti d’argent aux trois bandes d’azur»
La famille d’Eschilleuses semble avoir disparu au XIVème siècle. Elle est restée sur le site près de trois cents années et le mot Eschilleuses est resté intacte pendant près de Huit siècles, jusqu’au 19ème. Aujourd’hui il s’écrit Échilleuses.

Église d’Échilleuses

L’église d’Eschilleuses existait déjà à la fin des années 900. Consacrée à Saint Médard, patron de la paroisse et à Saint Christophe. Nous ne connaissons pas la configuration de l'église avant le XIIIème siècle, où elle a été entièrement reconstruite, sous l'autorité de la famille seigneuriale d'Eschilleuses. Au XVIème siècle presque toutes les voutes et le clocher ont été refaits. Sa forme est rectangulaire de 26m sur 13m, composé de 3 nefs et 5 travées. Le clocher est en pierre, avec un toit à deux eaux ; il est placé à droite, à l’alignement du pied du chœur. Elle possède aussi un retable du XVIIème siècle qui occupe toute la largeur des 3 nefs. Une poutre de gloire traversait la nef centrale et était surmontée par un crucifix entre Marie et Jean; nous les retrouvons sur le mur à l'ouest. Le portail de l’église, assez remarquable, est à deux archivoltes à plein cintre, à bouton retombant sur des colonnettes libres et engagées, surmontées de figures à grosse tête sur un petit corps. La voûte d’arête est en pierre, avec retombée des arcs sur des colonnes ou sur des piliers octogones.
Elle possède des reliques de Saint Maurice.
La pierre tombale du chevalier Guillaume d’Eschilleuses
La pierre tombale de Marc de Bailleul, chevalier à l’ordre du roi, seigneur de Longpont, boësses,  Eschilleuses et Villiers.

Château d'Échilleuses

Le Château féodal d’Eschilleuses, a probablement été construit à la même époque que le Château d’Yèvre le Châtel (fin Xème début XIème) mais à l’inverse de celui-ci, c’était un Château de plaine, dont la position géographique lui interdisait le rôle éminent d’Yèvre le Châtel dans l’histoire. A l’origine c’était un quadrilatère de forme irrégulière, orienté presqu’aux quatre points cardinaux et comportant deux ailes principales à l’Est et au Sud.

L’aile Est a été reconstruite en 1774 sur les anciennes fondations qui sont encore visibles et qui atteignent à certains endroits une épaisseur d’environ 1m50. Cette reconstruction avait commencé vers 1760 sur l’ordre du Prince de Tingry, Louis Christian de Montmorency-Luxembourg, comte de Beaumont, souverain de Luze, lieutenant général des armées en Flandre et gouverneur de Valencienne ville et citadelle, qui avait racheté les ruines du Château pour en faire une recette et engranger les dimes. Dans ce but, l’aile Est qui abritait le logis de l’intendant, avait été construite sur deux longues caves voutées parallèles, pour recevoir et entreposer la dime du vin ; principale production du village à cette époque. On peut encore y voir un magnifique escalier, chaque marche est taillée dans une bille de chêne, ainsi qu’un plancher très solide avec des solives en chêne très proches les unes des autres, destinées à porter une lourde charge de blé et autres céréales.

Sur la face Nord, il subsiste un long fossé qui est le dernier vestige des douves qui entouraient Échilleuses. Le long de ces douves une muraille percée de meurtrière, assurait la défense du Château ; dont il ne reste plus qu'un donjon tronqué où les murs ont 1m20 d’épaisseur au niveau du sol et la base d'une tour de défense de la même époque, baignant dans l'eau du fossé. Le Château nous est cité dans un récit du XIIIème comme appartenant à Jean Penon écuyer à Eschilleuses, qui le fit visiter au chevalier Taupin du Plessis et à Charles de Bouville le 7 juillet 1367. Attenant à cette tour de défense, se trouve une petite maison très ancienne, fin XIVème servant autrefois de corps de garde pour les soldats chargés de défendre le Château contre une éventuelle attaque.

La quatrième face (côté Ouest) est fermée par un mur épais, longeant un grand jardin allant jusqu’à la route de Puiseaux ; appelé au cadastre « jardin de la recette ». Celui-ci est entouré du coté Nord, d’un gros mur percé de meurtrières d’observation et de tir.

L’histoire marquante du Château d’Eschilleuses, se termine à la révolution ; date à laquelle l’ensemble des bâtiments de La Recette prendra le nom de Cour du Château. L’ancien propriétaire, le Prince de Tingry qui avait fait construire La Recette, s’exila en 1793 pour échapper à la guillotine et tous ses biens de Beaumont et d’Eschilleuses furent vendus comme biens nationaux le 5 février 1847. 

Blason d’Échilleuses

Blason d'Echilleuses

En 1: parti d’argent à trois bandes d’azur.

En 2: de gueule à la demi aigle d’or mouvant

Des armoiries ancestrales

La commune a été sous la domination de la famille d’Eschilleuses, entre le XIIème et le XIVème siècle. Leur blason aux trois bandes, se trouve dans l’église d’Échilleuses sur la pierre tombale du chevalier Guillaume d’Eschilleuses.

Saint Médard et saint Christophe

St-Médard est le patron de la paroisse d’Echilleuses et l’attribut de l’évêque est l’aigle.

St-Christophe patron secondaire est évoqué par les couleurs des bandes, et représentent les flots aux reflets bleus et argentés sur le blason des premiers seigneurs d’Echilleuses.

Texte provenant de l'«Essai historique sur Eschilleuses » par Alfred Charron en 1912 et cette synthèse est aussi inspirée du fascicule « ECHILLEUSES » du 18 novembre 1990 de l’association CSP “Connaissance et Sauvegarde du Patrimoine” et par la société archéologique de Puiseaux.
Synthèse de Mr Patrick Legros – Maire adjoint – 2015

Infos pratiques

Mairie
Place de l’Église
45390 Échilleuses

02 38 33 60 09

Lundi : 10h00 - 12h00
Vendredi : 16h00 - 18h00
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